Relancé par la famille de Nazelle, Cabidos, dans le village béarnais du même nom, poursuit sa brillante trajectoire après la reprise en 2015 par Robert Alday. Le domaine (9 ha) a obtenu de nombreux coups de cœur, dont deux consécutifs pour la cuvée Gaston Phoebus en doux. Maître de chai depuis douze ans, Méo Sakorn Seriès est Thaïlandaise. Retour sur le parcours singulier de la femme qui murmure à l’oreille des vignes…
Cette carrière dans le vin, est-ce une surprise de la vie ?
Agronome consultante en Thaïlande, je ne m’intéressais qu’au riz, ma spécialité, au maïs et au caoutchouc. Mon mariage avec un Français, kinésithérapeute pour Médecins sans frontières et envoyé en Asie, a changé le cours de ma vie. Quand mon époux a trouvé un poste à Bordeaux en 1997, j’ai décidé de faire du vin – l’un des symboles de la France. Le plus difficile a été d’apprendre la langue. J’ai fait beaucoup de progrès au Centre de formation pour adultes attaché au lycée viticole de Blanquefort. J’ai tiré ensuite grand profit de mes stages aux châteaux Gazin Rocquencourt et Pape Clément (pessac-léognan). Ensuite, nous sommes retournés en Thaïlande où, pendant plus de deux ans, j’ai planté un vignoble pour l’homme d’affaire cofondateur de Red Bull.
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Comment êtes-vous devenue maître de chai à Cabidos ?
De retour en France, je travaillais à la coopérative de Génissac. Une amie dans le métier, qui connaissait ma passion et ma compétence pour la taille de la vigne m’a permis en 2006 d’être embauchée à Cabidos, où je suis devenue directrice technique l’année suivante.
Vos vins blancs tirent leur caractère du petit manseng, cépage blanc béarnais, comme le jurançon et le pacherenc-du-vic bilh. Quelles sont les différences ?
L’emploi exclusif de ce cépage tout d’abord, le plus noble pour moi, même en sec pour la cuvée Gaston Phoebus ; un raisin à la peau épaisse, peu sensible à la pourriture, qui va faciliter la conversion bio engagée cette année. Le climat ensuite, plus chaud, qu’à Jurançon, et les sols, des argiles sur calcaires profonds. Enfin, une densité de plantation très élevée (entre 5 500 et 6 500 pieds/ha, voire plus), qui garantit petits rendements et concentration. Pour la cuvée Gaston Phoebus, issue de raisins passerillés, la récolte s’est achevée début décembre.
Peut-on parler d’un style Méo Sériès ?
Je recherche avant tout la netteté aromatique. Petits pressoirs et microcuves (1 000 l) permettent à notre équipe de six personnes un travail de précision. Et peut-être aussi le fait que je murmure aux pieds de vigne, aux levures aussi, pendant qu’elles travaillent dans les petites cuves…
Un plat thaï pour accompagner la cuvée Gaston Phoebus ?
Le Tom Yam, soupe de poulet ou de fruits de mer au galanga et à la citronnelle, ou le Tom Kha Kaii, cette même soupe au lait de coco.
La canicule invite à acclimater à des cépages adaptés aux étés chauds. On dit que vous misez aussi beaucoup sur la syrah ?
Le domaine comporte 1 ha du grand cépage de la vallée du Rhône, qui donne ici des vins rouges pleins de fruit. Nous projetons d’en planter davantage.